En 2009,
Xavier Dolan réalise (et interprète) son premier film J'ai tué ma mère du haut de ses vingt ans. Un film qui expose le
quotidien d'une mère et son fils qui s'aiment, mais ne se supportent pas. Outre
la qualité de la mise en scène et de plans intelligemment formés (lors des
dialogues pour ne citer qu'eux), le film nous fascine par la vérité qui se
dégage des dialogues mais aussi des actes cruels, ou doux des personnages.
Dolan nous montre une relation pleine de haine mais avec ces moments de
tendresse également, on pourrait croire également à une sorte de narcissisme
non-voulu de la part de l'adolescent qui subit durant tout le film, mais les
personnages ont tellement été travaillés en profondeur que le tout reste
crédible mais surtout maitrisé. La question de l'identité sexuelle est
également abordée dans le film, l'ado étant homosexuel et la famille de son
copain est socialement et culturellement à l'exact opposé de sa propre famille.
Certains passages nous permettent d'entrevoir la relation que son petit copain
entretient avec la mère de celui-ci, qui est aux antipodes de celle des
personnages principaux. Tous ces messages forts sont coupés par de multiples
citations (Maupassant par exemple) qui entrecoupent le récit, à l’instar des
confidences de l'adolescent se filmant dans sa salle de bain avec son
caméscope. Entre les souvenirs maternels, des désirs oubliés en passant par la
haine de l'incompréhension et la volonté de s'échapper, Dolan met véritablement
en scène un fil, un fil incassable qui peut se tordre dans tous les sens sans
que jamais les deux bouts ne se séparent.
Benjamin Mezroui, 5A