vendredi 5 juin 2009

Critique - Good Night, and Good Luck (G. Clooney) - Renaud


« Good Night, and Good Luck » ou l’importance des médias

J’ai visionné le film “Good Night, and Good Luck” ce mercredi 27 janvier chez moi. Ce film est le deuxième film réalisé par George Clooney ; il fut projeté dans les salles dès janvier 2006.

L’action se passe au début des années 1950, au commencement de la guerre froide. Joseph McCarthy est alors sénateur de l’Etat du Wisconsin aux Etats-Unis. Avec son équipe, il est à l’origine de ce que l’on appellera plus tard la « Terreur Rouge », traque tristement célèbre et sans merci des « partisans » et « espions » communistes présents sur le sol américain. Edward R. Murrow, le présentateur du journal télévisé de CBS de l'époque, et le producteur Fred Friendly décident de protester et de dénoncer cette « chasse aux sorcières » menée par le sénateur. Une bataille télévisuelle se déclenche alors, dont le journaliste semble au premier abord le grand perdant.

« Good Night, and Good Luck », n’est pas un film historique comme les autres. En effet, il nous présente divers thèmes qui restent d’une actualité indiscutable. La liberté et le rôle de la presse, les libertés individuelles, la présomption d’innocence, le droit à la défense, tous ces sujets sont évoqués dans le film à travers le combat mené par Edward R Murrow et son équipe. Le parallèle avec l’actualité américaine en 2005, date de production du film est évident : en effet, à ce moment, la vague d’anti-terrorisme est en plein déferlement aux U.S.A. Tout américain condamnant les interventions américaines en Afghanistan ou en Irak, qu’il soit journaliste, politicien ou simple citoyen, est considéré comme anti-patriote voir pro-terroriste. L’histoire se répète donc et le réalisateur l’a bien compris lorsqu’il a eu l’idée de réaliser ce film aux thèmes très engagés.

Pour ce film, George Clooney, qui interprète également Fred Friendly, producteur de la CBS, a fait appel à un panel d’acteurs de haute qualité. Tout d’abord, David Strathairn dans le rôle principal d’Edward R Murrow, personnage anxieux, connu pour son honnêteté et son intégrité dans son travail de journaliste. Un acteur impressionnant, trop rarement mis à l’honneur sur nos écrans, et qui intègre ici à merveille son personnage. David Strathairn a d’ailleurs remporté le prix de la meilleure interprétation masculine lors de la 62e Mostra de Venise. Ensuite, Robert Downey Jr., dans le rôle du journaliste Jimmy Darmondy, et enfin Jeff Daniels qui joue ici un rôle très secondaire, mais qui interprète parfaitement son personnage.

La forme, quant à elle, est assez particulière, mais très bien choisie. Le réalisateur a, en effet, décidé de tourner en noir et blanc. Il a fait ce choix pour plusieurs raisons : tout d’abord, afin d’intégrer des documents télévisuels d’époque, ensuite, pour apporter au film une certaine touche de sobriété, une tension particulière dans l’atmosphère qui règne tout au long du film. Des séquences plus belles et plus authentiques que si elles avaient été en couleurs. Par exemple, les séquences où le présentateur, Edward R Murrow. attaque lors d’une émission en direct la politique du sénateur McCarthy : Il est sur le plateau, seul, cigarette en main ; on le sent tendu, agressif, ses paroles sont comme des coups infligés au sénateur. La séquence aurait été totalement différente, beaucoup moins captivante, moins dure et moins esthétique, si elle avait été en couleurs. Le gros plan sur le visage de Murrow terminant son discours sur la célèbre phrase « good night,and good luck » est un passage impressionnant : on a la sensation que Murrow porte le poids du monde sur ses épaules ; son air sérieux, très froid, la tonalité de sa voix, contribuent à faire de cette phrase sa véritable signature dans l’histoire. Une séquence qui donne des frissons quand on se prend à imaginer ce que devaient ressentir Murrow et tous les spectateurs américains dès que la caméra s’éteignait.

Le réalisateur nous présente donc un film à tendance contestataire. « Good Night, and Good Luck » s’inscrit dans cette catégorie de films de plus en plus demandés qui dénoncent des sujets politiques/sociaux/économiques sensibles tel que « Jarhead, la fin de l’innocence », « Syriana » ou encore « The Constant Gardener ». Un film superbement réalisé, combinant archives télévisuelles et interprétation irréprochable des acteurs. Une rigueur historique chez le réalisateur et les acteurs, leur permettant de correspondre aux personnages et de mieux nous restituer cette période passionnante et plutôt sombre de l’histoire des Etats-Unis.

Un film captivant qui nous démontre une fois de plus le talent de réalisateur de George Clooney.

Schils Renaud 6A