mardi 28 avril 2009

Critique - Elegy (I. Coixet) - Renaud


Le 10 novembre 2008, j’ai assisté au cinéma « Churchill » à la projection du nouveau film d’ Isabel Coixet « Elegy ». Ce film est l’adaptation du roman de Philip Roth, « La bête qui meurt ».

Le film nous raconte l’histoire d’amour de David Kepesh, un homme d’une soixantaine d’années et Consuella Castillo. David est un brillant universitaire, professeur de littérature, qui présente de temps en temps des critiques de livres à la radio. Il ne croit plus en l’amour depuis longtemps, n’y a peut-être jamais cru. C’est pourquoi il vit seul et papillonne de femme en femme. Cependant, un jour, il rencontre Consuela Castillo, une jeune et sublime étudiante et tombe amoureux d’elle. Il sait que cette relation ne pourra durer car il est de trente ans son aîné, et cette pensée qui le dérange au début tourne à l’obsession.

Par l’intermédiaire d’une histoire d’amour passionnelle, le film touche un grand nombre de sujet considérés comme tabous dans notre société. La vieillesse, la mort, le caractère éphémère de la jeunesse, l’adultère, l’amour entre une jeune femme et un homme âgé, tous ces sujets sont évoqués tout au long du film au travers de la relation qui évolue entre les deux personnages principaux.

Pour ce film, la réalisatrice a fait appel à deux excellents acteurs, Pénélope Cruz dans le rôle de la belle et envoûtante Consuella et Ben Kingsley dans le rôle du professeur pragmatique David Kepesh. Ceux ci jouent des rôles assez différents de leur répertoire habituel, surtout Ben Kingsley dont on se rappelle l’excellente interprétation d’un secrétaire juif, Itzhak Stern dans la liste de Schindler ou encore lorsqu’on se souvient de lui dans le rôle de Gandhi.
Les deux acteurs sont donc très bien choisis.

La forme du film, quant à elle, est assez particulière. Alors qu’on s’attendrait à une ambiance un peu chaude, pleine de couleur, à un scénario plein de rebondissements, Isabel Coixet nous fait vivre ce film dans une ambiance, sensuelle par moments, froide et dramatique à d’autres instants ; dans chaque scène, les couleurs, cela se voit, sont pensées, utilisées pour faire le mieux passer l’ambiance voulue par la réalisatrice. Un esthétisme recherché, des séquences très belles, ainsi l’exemple qui m’a marqué où le couple est au bord de la mer et où David prend des photos de Consuella.

Enfin, la manière dont ce film se termine m’a complètement retourné. Je ne m’y attendais pas du tout. La réalisatrice ne pouvait pas mieux faire. La fin impose au spectateur une réflexion sur les thèmes abordés tout au long du film. C’est comme si ces thèmes étaient projetés au visage du spectateur pour son plus grand mal-être. Il y a une inversion très subtile des rôles entre David et Consuella, comme si cette dernière était devenue plus mature et également plus proche de la mort que David. Une fin parfaite.

En conclusion , je dirais que ce film est excellent. Je suis allé au cinéma un peu intrigué et pas très sûr de mon choix, j’en suis ressorti complètement chamboulé, convaincu, retourné. Ce film m’a trotté dans la tête toute la soirée et depuis, je me suis intéressé aux autres films de Isabel Coixet.

Renaud Schils, 6A.