samedi 23 mai 2009

Critique - Le voyage de Chihiro (H.Miyazaki) - Alice



Le voyage de Chihiro ; Au cœur du conte…

Après le succès mondial de Princesse Mononoké, Hayao Miyazaki revient avec Le voyage de Chihiro. L’histoire se situe dans un contexte contemporain et met en scène une famille japonaise dont Chihiro, pleurnicheuse et capricieuse, est la fille unique. Lors d’un déménagement, cette petite famille se retrouve au cœur d’un ancien parc à thèmes abandonné. Les parents de Chihiro seront changés en cochon alors qu’elle commencera doucement à se dématérialiser…
Le film nous plonge dans un univers mystérieux, peuplé de créatures et de personnages fascinants tout droit sortis des croyances japonaises. Mais en fait, il n’est que le reflet de notre société moderne et surtout, du monde du travail. La société corrompue et l’hyperconsommation sont d’ailleurs dénoncées tout au long du film. Cela commence très tôt, dès le début en fait, lorsque le père de Chihiro s’attable sans même avoir eu l’autorisation du personnel du restaurant, il ne manque pas de rassurer Chihiro en lui rappelant qu’après tout, il a sa carte bleu!
Si le film se situe dans un cadre très nippon, il touche également à une universalité certaine; château très rococo rappelant le style de Versailles, chambre rappelant les châteaux de Bavière ou d’Autriche, le caractère de Chihiro qui pourrait être celui d’une jeune fille de la bourgeoisie française…
Mais, c’est surtout la mise en scène qui permet d’atteindre le cœur des spectateurs. Une scène est particulièrement révélatrice du talent de Miyazaki; c’est la scène du train. Chihiro est seule, dessinée avec précision, alors que les autres passagers sont sombres et flous, juste des ombres. Elle a un regard lointain et pensif, elle semble seule au monde…Cette scène provoque des sentiments très forts. Critique de notre société, ou l’on devient des ombres pour les autres, écho de l’enfance, allusion au Japon d’après-guerre… Chacun peut interpréter cette scène comme il le souhaite.

Enfin, il y a le passage de Chihiro de l’enfance à l’âge ‘’adulte‘’. Pleurnicheuse et capricieuse au début du film, elle finit par se prendre en main afin de sauver ses parents. Le titre du film prend alors tout son sens; il ne s’agit pas que d’un voyage physique, mais aussi, et surtout, d’un voyage spirituel. Chihiro nous apprend que, dans la vie, il faut s’accrocher et ne pas perdre courage.
En conclusion, il s’agit d’un film fantastique, très enrichissant, haut en couleur… Sans violence ni effets spéciaux époustouflants, Le voyage de Chihiro nous emmène dans un monde de rêve et de fantaisie par la simple force de sa poésie.

Alice Piedboeuf 6A