lundi 7 juin 2010

Critique - "Balade entre les non-dit..." par Maurane Crespin


Il y a des films qui marquent et d'autres qui ne font que passer sous nos yeux, "Le ruban blanc", dernier film en date d'Haneke fait partie en ce qui me concerne de ceux qui ont eu un impact.
Certes, si l'on s'attarde sur son esthétique, on ne peut pas dire qu'il sorte de l'ordinaire. Il est construit avec une minutie déconcertante où chaque plan est exactement proportionné. Le noir et blanc dans lequel il est réalisé est lui aussi très soigné et chaque séquence est dotée de très beaux décors et costumes qui nous poussent tout droit dans l'ambiance de l'époque. En d'autres mots, tout y a été orchestré dans les règles.

Néanmoins, il suffit d'aller voir un peu plus loin pour s'apercevoir à quel point, ce film dépasse les conventions. Dans "Le ruban blanc" aucun élément important n'apparait à l'écran. Haneke joue définitivement avec le spectateur ne lui offrant de manière visible que des fait, des évènements futiles. Tout ce qui pourrait avoir un impact sur le film se déroule derrière les portes, dans des sous-entendus, dans des non-dit... Ici, l'interprétation que l'on peut titrer de chaque scène ne réside que dans notre imagination, dans un cheminement personnel que l'on décide de faire ou non. On se sent perturbé, perdu entre ce que l'on pense comprendre, ce que l'on a compris, ce que l'on pense avoir vu, ce que l'on a vu... Bref, une recherche sans fin. Haneke prend un malin plaisir à nous pousse à nous égarer, ce qui nous conduit forcément à prendre du recul et à réfléchir.

Cela ne serait pas si percutant si l'importance des thèmes dont il nous fait part n'était pas si grande. La manière si détachée dont il aborde le thème de l'abus d'autorité, pousse à une remise en question, ce qui n'est que bénéfique.


"Le ruban blanc" n'est pas simplement un film qui met mal à l'aise, qui fait réfléchir, qui nous questionne... En agissant de la sorte dans nos conceptions de l'existence en général, il nous pousse à nous impliquer. C'est bien la preuve que parfois, notre imagination est bien plus efficace que de nombreux grands effets.


Maurane Crespin, 6D