lundi 15 mars 2010

Critique - "J'ai toujours rêvé d'être un gangster" Florine L.


Quatre histoires se déroulent aux abords d’une cafétéria, au bord d’une nationale. On fait alors la connaissance, tour à tour, d’un braqueur sans arme dont la victime est elle-même une braqueuse, armée ; de deux kidnappeurs très amateurs qui enlèvent une adolescente suicidaire ; de deux chanteurs qui parlent d'un tube volé ; de cinq septuagénaires qui se retrouvent autour de leur « planque » d'antan. Trois des histoires, qui semblent distinctes au début, se révèleront au cours du film avoir quelques résonances, jusqu'à l'étonnant épilogue.

Ce n’est pas un film grossier, ce n’est pas un film d’action, ce n’est pas un thriller. Un film marginal qui ferait même penser à un Tarantino français. Un comique de l'absurde, de situations plus satiriques les unes que les autres. Edouard Baer lance le bal de ces rencontres surréalistes autour des thèmes de l'échec, de la solitude, de la vieillesse, du temps qui passe et de l'amour.

Un film en noir et blanc qui adopte un ton délibérément décalé. Sa bande annonce adopte elle aussi un ton décalé, comme celle des Tontons flingueurs, dont il peut constituer une sorte d'antithèse, à travers la bande de papys qui tirent aussi peu que ces "tontons" flinguaient à tout va. Les intentions de l’auteur ne sont autres que de sortir de ce qui nous est proposé sur TF1 par exemple, des choses colorées où tout va vite. Samuel Benchetrit tend à l’inverse en proposant un film contemplatif, quitte à être long à certain moment.

Film noir, film en noir et blanc aux frontières de l'humour, du dérisoire et du désespoir, « j'ai toujours rêvé d'être un gangster » de Samuel Benchetrit est une ode, une déclaration d'amour au cinéma. Un patchwork réussi grâce à une poétique géniale et délirante qui fait naître une atmosphère regrettée celle d'un cinéma d'antan, un noir et blanc sublime avec des acteurs de grande envergure, des acteurs heureux d'être là dans ce décor insolite, une bande son référentielle et complètement déglingué. Un film à voir pour ceux qui n’ont pas peur de perdre espoir !


Florine Léonard, 6D