lundi 15 mars 2010

Impressions - "Retournement d’estomac" Maurane C.


« Elève Libre » est un film de Joachim Lafosse qui a très positivement été salué par la critique. Malgré cela, certaines personnes diront qu’il est allé trop loin…
D’autres diront qu’il a peut-être fait fausse route. Pour ma part, il n’en est rien. Je dirai simplement que Joachim Lafosse en réalisant « Elève libre » a vu juste et qu’aucune minute de son film ne sonne faux.

Certes, Joachim Lafosse y est allé très fort au niveau visuel.
Il a eu l’audace de truffer son film de scène à caractère sexuel de genre habituellement peu présent au cinéma. Il s’agissait principalement de d’actes homosexuels avec des personnages d’âge très distincts ce qui a sûrement heurté bon nombre de spectateurs.
Néanmoins, si l’on y prête attention, aucune scène ne se veut réellement explicite. C’est notre imagination qui réalise ce travail.
Cela établi alors une preuve supplémentaire de la justesse dont Joachim Lafosse a fait preuve dans son film. Si cela parvient alors à heurter les spectateurs rien que par la force d’interprétation, cela ne démontre-t-il pas que son film a un réel impact sur eux? Combien n'ont pas réfléchi à jusqu’à quel point ils seraient capables d’aller au profit de la réussite ?
De plus, le langage cinématographique qu’il a utilisé est plus que parlant.
Le film étant composé de longs plans-séquence d’ensemble, nous y assistons en tant que spectateurs, à distance.
Nous voyons tout, nous sommes au centre de l’action tout en y étant au dehors simultanément.
L’ambiance y est lourde, les silences pesants. Dans « Elève libre », la forme est presque un personnage à part entière !

Je conclurai simplement en disant qu’en sortant d’ « Elève libre », à moins de s’être bandé mes yeux et bouché les oreilles, on ne ressort pas indifférent.
On sort mélangé, sans repère, interrogatif, dégoûté mais en tout cas, pas indemne.
Joachim Lafosse a trouvé le moyen de bouleverser notre vision du monde et dès lors de nous remettre en question. C’est pourquoi, ce film vaut la peine de se retourner l'estomac.

Maurane Crespin, 6D