samedi 15 mai 2010

Billet - "L’ensemble qui va à Clint comme un gant.", par Catherine D.


Curieux mélange très efficace entre film d’action, drame psychologique et comédie au second degré, Gran Torino prend pour titre le modèle de la voiture Ford « vintage » que Walt, personnage principal, garde dans son garage. Masquant sous des traits d’humour une thématique des plus sérieuses, le film offre à son acteur-réalisateur l’occasion de réendosser un double personnage omniprésent dans sa filmographie. Celui du justicier armé, affrontant l’ennemi sans faiblesse, et celui de l’homme hanté par un sombre et violent passé qui le mine, et dont il pourrait obtenir la rédemption au cours du récit.


A 78 ans, Clint peut donc encore, de manière crédible, épauler un fusil, dégainer un pistolet, et expédier avec ses poings quelques directs dévastateurs, rendant coup pour coup aux méchants de service. En même temps, il sait aussi, le temps venu, substituer à la seule logique de la force, de « l’œil pour œil dent pour dent », celle de l’intelligence, du cœur et du sacrifice de soi. Ce qui forme un tout assez fascinant, qu’Eastwood nous emballe avec grâce dans un film plus significatif qu’il n’y pourrait paraitre à première vue. Son portrait d’un Américain patriote, réactionnaire et fermé à la différence, qui s’ouvre progressivement à l’autre sous la forme d’une famille originaire d’Asie, s’inscrit en plein dans l’élan du « vivre ensemble » cher à un certain Barack Obama…

Catherine Delmotte, 6A