samedi 15 mai 2010

Critique - "L'herbe est plus verte avec Resnais...", par Crespin M.


Dans son dernier film, Alain Resnais tire définitivement un trait sur l'obscurité et la dureté de "Nuit et brouillard" afin de nous faire voyager tout en légèreté dans l'univers tout à fait différent "Des Herbes folles" .

Que ce soit l'aspect cinématographique du film ou bien même le fond dont il nous fait part, nous somme plongés dans un univers à part. Tout le long du film, la caméra joue avec le spectateur. Caméra braquée sur le sol; lorsque l'on fait l'état des lieux de la vie des personnages, dirigée vers le ciel; lorsqu'il s'agit de leurs aspirations... On en voit du paysage. Cela est encore plus marqué par la manière panoramique dont il est filmé nous permettant à la fois de tout voir comme finalement, ne rien voir. De plus, nous passons par toutes les couleurs, du vert de l'herbe où tout commence, au rouge de cheveux de Marguerite, jusqu'au bleu du ciel ou les protagonistes finiront finalement leur périple.

Un chose remarquable dans les herbes folles est l'intensité de la poésie dont son fond est composé. Dès le départ, le ton est donné, nous avons droit à une collection de jeux de mots, tous les plus décalés les uns que les autres. Si à première vue il paraissent dépourvus de sens, on se rend vite compte que ceux-ci dotent le film d'une intensité supplémentaire, ils nous permettent de voyager à travers un univers complètement surréaliste dans lequel nous n'avons malheureusement que très peu souvent l'occasion de nous retrouver. Il n'y a néanmoins pas que cet aspect qui nous permet de voguer de la sorte. L'histoire dans Les herbes folles est tout à fait dépourvue de toute trame narrative. Alain Resnais, dans son long métrage n'a pas voulu nous faire part d'une fiction doté d'un schéma narratif classique, ce n'est pas l'histoire qui importe. Il nous fait simplement assister à la poésie, la magie, l'émerveillement d'une rencontre.


Je terminerai par dire qu'à moins d'être insensible à l'esthétisme dont un film peut se doter ou alors de chercher à tout prix une finalité précise à toute fiction, on ne peut qu'être enchanté par les herbes folles. Ce film, en l'espace d'un peu plus d'une heure et demie, nous offre l'occasion de nous évader dans notre inconscient et nous permet d'enfin nous remémorer ce que le mot CINEMA veut dire...

Maurane Crespin, 6D