lundi 16 juin 2014

Analyse de la séquence de Rashômon d'Akira Kurosawa


Synopsis : Kyoto, au XIIe siècle. Sous le portique d'un vieux temple en ruines, Rashômon, trois hommes s'abritent de la pluie. Les guerres et les famines font rage. Pourtant un jeune moine et un vieux bûcheron sont plus terrifiés encore par le procès auquel ils viennent d'assister. Ils sont si troublés qu'ils vont obliger le troisième voyageur à écouter le récit de ce procès : celui d'un célèbre bandit accusé d'avoir violé une jeune femme et tué son mari, un samouraï.
Le drame a eu lieu dans la forêt à l'orée de laquelle est situé le portique de Rashômon. L'histoire est simple : Qui a tué le mari ? Le bandit Tajomaru, la femme, un bûcheron qui passait ou le mari lui-même qui se serait suicidé ? Autant d'hypothèses vraisemblables. Mais les dépositions des témoins devant le tribunal apportent à chaque fois une version différente du drame, et la vérité ne percera qu'après de nouvelles révélations surprenantes...

Contexte : Le roturier, le moine et le bûcheron, même s’ils sont totalement extérieurs à l’histoire (si ce n’est le bucheron qui est un minimum impliqué) ont tout de même une importance énorme dans le scénario, car ils représentent trois visions différentes face à ces témoignages qui se contredisent. Une des séquences du film l’expriment d’ailleurs plutôt bien. La subjectivité de la mémoire et le fait de se mentir à soi-même sont au cœur de cette œuvre.
Sous une des portes en ruine qui mènent à Kyoto, trois hommes (un bucheron, un prêtre et un roturier) représentent chacun une attitude face à cette réalité qui est différente pour les témoins du meurtre en question. La subjectivité de la mémoire et le fait de se mentir à soi-même sont donc au cœur de l’œuvre.
Le bûcheron, qui a vu comment le meurtre s’est déroulé, doute de sa propre réalité après avoir entendu les trois autres témoignages. Ces pensées ne sont plus claires, pourtant il était bien présent.
Le moine, présent lors du procès, se demande ce qu’il reste de notre humanité mais se rattache comme il peut aux valeurs morales essentielles en espérant qu’elle ne seront pas détruites par l’avidité croissante des hommes.
Quant au roturier, il agit comme spectateur (il est extérieur au meurtre), il se soucie peu de ce qui est faux ou non, il veut simplement une bonne histoire à entendre.
Le bûcheron, qui a vu comment le meurtre s’est déroulé, doute de sa propre réalité après avoir entendu les trois autres témoignages. Ces pensées ne sont plus claires, pourtant il était bien présent à ce moment-là, mais sa culpabilité à cause du vol de la dague le chamboule totalement.
Le moine, présent lors du tribunal, se demande ce qu’il reste de notre humanité mais se rattache comme il peut aux valeurs morales essentielles en espérant qu’elles ne seront pas détruites par l’avidité croissante des hommes qui ne cesse
Quant au roturier, il agit comme spectateur (il est extérieur au meurtre), il se soucie peu de ce qui est faux ou non, il veut simplement une bonne histoire à entendre.

Séquence :


Analyse :
  • 1er plan :
Forme : Les trois personnages sont à la porte de Rashômon menant à Tokyo, la caméra est placée derrière une poutre endommagée. Le son de la pluie est très présent. Le temple est en ruine. L’un des personnages, le roturier se lève en riant.
Fond : La position de la caméra derrière les poutres renforce l’idée de chaos de la situation. La pluie, qui est un obstacle pour les personnages depuis le début du film, ne cesse de tomber. Le roturier prend toute cette histoire à la légère contrairement aux deux autres personnages.


  • 2ème plan : 

          Forme : Raccord dans le mouvement, les trois personnages sont maintenant pris de profil, le roturier             est en conflit avec les deux autres personnages. Le moine se lève. Ce qui était à l’avant-plan se                     retrouve à l’arrière-plan et vice versa.
          Fond : Les dialogues n’impliquent que le roturier et l’un des deux autres personnages à la fois. Les                 hommes sont comparés aux poutres du plan précédent à mon sens.



 
  •  3ème plan :
Forme : Raccord dans le mouvement, le moine s’agrippe à un poteau en bon état prenant 1/3 de l’écran tandis que le roturier, le tire légèrement en arrière. Panoramique, le poteau est vu maintenant de l’autre côté et prend également 1/3 de l’écran. Le poteau est endommagé de ce côté-ci, et l’arrière-plan où se trouve le bûcheron est en ruine. Le roturier jongle entre les plans
Fond : Le poteau symbolise un pilier moral de la société auquel le prêtre se rattache tandis que le roturier, agissant comme spectateur, tente de le ramener à la raison, à ouvrir les yeux sur le monde. Dans la seconde partie du plan, le bûcheron, qui est en réalité un voleur, se trouve bien éloigné de ce poteau, qui de son côté est très endommagé.


 
  •  4ème plan :
Forme : Raccord par le son, lorsque le roturier rit. La caméra est maintenant dans la pluie et prend les personnages d’une échelle plus éloigné se rapprochant du 1er plan. Le roturier jette des bouts de bois dans la pluie.

Fond : Le fait que la caméra prend de la distance avec les personnages et que le roturier « éteint » les morceaux de bois enflammés donne à comprendre que la discussion semble finie malgré qu’il n’y ait aucune solution au problème.

Benjamin Mezroui 5A