Présentation
et contexte
Les parapluies de Cherbourg est un film musical franco-allemand d’une heure et demie réalisé
par Jacques Demy en 1964, l’époque de la Nouvelle Vague.
Sa grande particularité étant d’être entièrement chanté, il connaît
cependant un succès immense et reçoit même la Palme d’or au festival de Cannes
de 1964.
Jacques Demy est un cinéaste français, principalement connu en tant que
réalisateur et pour ses films musicaux tels que Les demoiselles de
Rochefort, Peau d’âne et bien évidemment Les parapluies de Cherbourg. C’est ce dernier qui va lancer la carrière de
Catherine Deneuve en lui offrant son premier grand rôle, elle est également
considérée comme la muse de Demy. Malgré le fait que ses films soient
accessibles et relativement faciles à regarder, le réalisateur est malgré tout
une référence pour les artistes contemporains, car son cinéma requiert une
construction et une technique extrêmement pointue.
Ce que l’artiste et les spécialistes me disent de l’œuvre
Malgré le concept nouveau et jamais vu jusqu’alors (il s’agit du
premier film entièrement musical de Jacques Demy), les acteurs, n’étant que peu
connu à cette époque, ont été très enthousiaste à l’idée de cette expérience
nouvelle, alors que les chanteurs Sylvie Vartan et Johnny Hallyday
avaient refusé de participer au film.
Lors d’un entretien avec Saïd Khelifa en 1986, Demy
annonce : « Au départ, c’était un scénario, mais je trouvais que
c’était beau si je le traitais d’une façon lyrique, que c’était un sujet à la
rigueur pour l’opéra. […] Le film a été très dur à mettre sur pied. Les gens
n’en voulaient pas. Ils me disaient : « Les spectateurs vont partir
après une bobine, ils ne tiendront pas jusqu’à la fin. »
Et pourtant, très peu d’avis et critiques négatives
ont été émises lors de la sortie du film. Il reste d’ailleurs un classique du
cinéma, et un des films les plus connu du réalisateur. En effet, Serge
Kaganski, du journal Les Inrockuptibles, dit :
« Quand on me demande mon top 10 ciné de tous les temps, Les parapluies de Cherbourg figure
toujours dans ma liste. La « mélan-comédie en chanté » de Jacques
Demy fait partie de ces films presque parfaits que l’on peur revoir dix ou
vingt fois en éprouvant toujours le même plaisir. […] Pourtant, ce destin
n’était pas écrit d’avance, et il fait imaginer ce que fut l’amont du film,
l’audace de Demy et Legrand pour se lancer dans un projet entièrement chanté,
configuration absolument inédite à l’époque, y compris dans le musical
américain qui alternait toujours séquences chantées et dialoguées. »
De toute évidence, c’est cette singularité en
laquelle seul ceux qui travaillaient sur le film croyait qui a permit un tel
succès, et qui permet toujours à ce long-métrage d’être un classique reconnu,
peu importe le champ culturel.
Ce que je me dis face à l’œuvre
Les parapluies de Cherbourg est un film intense en émotions,
qui mêle la mélancolie, la tristesse, comme la joie, mais également la
frustration. On retrouve tout au long du film de la mélancolie, notamment par
la tristesse de certaines scènes, par exemple quand Guy annonce à Geneviève
qu’il doit partir en Algérie pour 2 ans, ou quand ils se quittent sur le quai
de la gare ; cette tristesse se retrouve aussi par le rythme un peu morne
des chansons. Et au final, on ressent de la frustration et de l’agacement non
pas par l’histoire d’amour mélancolique, mais par le fait que toutes les
paroles et les dialogues sont chantés.
Les
sensations que l’on peut ressentir sont l’euphorie face à cet amour pur et
passionnel qu’a représenté Jacques Demy, mais également de la tristesse lors
des scènes de séparation entre les deux protagonistes. La déception est aussi
au rendez-vous lorsqu’ils se retrouvent à la station-service, mais que rien de
plus que quelques mots échangés ne se passe. Mais il y aussi de la lassitude,
les chansons qui n’en finissent plus finissent par être ennuyantes, et donnent
un peu mal à la tête.
Le film
nous fait nous interroger sur l’amour adolescent, sur la force de cet amour
mais aussi sur le fait qu’il s’estompe malgré tout.
Ce
film fait partie de la nouvelle vague, dont François Truffaut, Jean-Luc Godard,
et Jacques Rivette en sont les prédécesseurs. Jacques Demy, fait partie de ce
mouvement, qui a pour but de faire des fautes et des erreurs cinématographiques
pour ne plus suivre aucune règle académique, pour casser le cinéma « de papa ».
Un vent de liberté et de jeunesse souffle sur le cinéma des années 60. Dans le
domaine artistique, on retrouve le pop’art, qui vient des Etats-Unis et des
Royaume-Unis. En France, nait un nouveau genre, le nouveau réalisme, qui est présenté
comme la version français du pop’art américain.
Les parapluies de Cherbourg rappelle Demoiselles de Rochefort, du même réalisateur. On retrouve de
nouveau Catherine Deneuve, et cette ambiance d’amour mélancolique, toujours en
chansons.
Les parapluies de Cherbourg est donc un film plaisant, qui se
regarde facilement, avec une histoire d’amour triste, mais dont les chansons
peuvent troubler, voir ennuyer.
Ce que l’œuvre me dit
Comme annoncé précédemment, les paroles et les
dialogues sont tous mis sous la forme de chant. Jacques Demy a donc
complètement modifié la comédie musicale, qui était pourtant très codifié a
l’époque.
La caméra est généralement stable, on ne ressent
pas particulièrement sa présence. Les techniques de cadrage utilisées sont
superbes et propre à Jacques Demy (pas de « vide » dans le plan,…).
Le film est très coloré, ce qui est une autre
caractéristique du réalisateur, qui a pour habitude de recréer un univers plus
féérique, il enchante le quotidien, et cela se ressent dans son esthétique.
Cependant, c’est dans Peau d’Âne qu’il
met en place son univers sans réserve, Les
parapluies de Cherbourg semble presque neutre comparé à lui.
Le jeu des acteurs est assez bon, rien que dans
leurs expressions et leurs tons de voix on perçoit les sentiments et les
émotions qu’ils essaient de nous faire passer. Les voix des acteurs et des
chanteurs sont parfaitement synchronisées, donnant l’impression que se sont
réellement les acteurs qui chantent.
Les plans sont généralement assez courts ce qui
empêche le spectateur de se détacher de l’image, malgré le fait que les actions
soient plutôt lentes et peu nombreuses.
Demy aborde plusieurs sujets des années 60, le plus
important étant la guerre d’Algérie. Il nous parle également de l’importance de
l’argent, menant même à des mariages arrangés dans le but d’apaiser la charge
économique qui peut peser dans certaines familles.
Champs culturels
En somme, Les
parapluies de Cherbourg est un excellent exemple d’œuvre dominant dans les
deux champs.
Il est facilement abordable (tout comme les autres
longs-métrages de Demy, qui est en fait un réalisateur considéré comme autorité
aussi bien par le CCA que le CCD), mais sa réalisation pointue et particulière
le classe comme film d’auteur.
Il suit les règles et les codes, et pourtant, il
est extrêmement innovateur, ce qui peut être déroutant.
Encore une fois, Jacques Demy nous parle de rêves,
tout en nous confrontant à la réalité, mais surtout, il ne le fait pas comme
tout le monde.
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