Analyse de l'extrait de Kill Biil, de Quentin Tarantino

Analyse de séquence

Séquence de Kill Bill volume 2
Chapitre 8 : « La cruelle tutelle de Paï Meï »

Lien pour le visionner : https://www.youtube.com/watch?v=WFsy3NyWyb0   (je n’en ai pas trouvé avec sous-titres - l’extrait est de 0:28 à 1:58)

(0:49:58 – 0:51:09)

Dans cette séquence nous découvrons un nouveau personnage, Paï Meï (joué par Gordon Liu). Ce personnage loufoque et drôle va enseigner à la Mariée, alias "Black Mamba", toutes ses techniques. C’est un maitre complet en arts martiaux qui aime ridiculiser ses élèves, il a la réputation d’être intraitable et de ne pouvoir être tué par personne, il est extrêmement doué mais très irritable. Ce personnage est très original, il apporte beaucoup d’humour avec ses sourcils démesurés et sa longue barbe qu’il ne cesse de toucher de façon insolite. 

Cette séquence nous montre la rencontre entre Beatrix et Paï Meï. Elle veut devenir son élève, mais pour ça elle doit lui montrer de quoi elle est capable. S’engage donc une épreuve de combat entre l’élève et son maitre qui consiste en un défi: si elle le touche une seule fois, Paï Meï se prosterne et l’appelle son maitre. On voit tout de suite que malgré le très bon maniement de sabre de Beatrix, elle ne fait pas le poids contre ce maitre extrêmement doué.

a)     Forme 

 Séquence de jour en extérieur, d’action et de mouvement. Il y a deux personnages : Beatrix et Paï Meï. On se trouve ici en Chine, on dirait être dans un lieu plutôt spirituel. Le décor est naturel, assez discret.

Plan 1 :  Plan américain 2/3 – Beatrix regarde les sabres rangés et alignés devant elle.

Plan 2 : Plan américain, personnage au centre de l’image – Paï Meï lui ordonne de choisir un sabre.
Son in des paroles de Paï Meï.
Plan 3 : Plan américain 2/3 – Beatrix le choisit, le tire énergiquement.
Son in, bruitage du mouvement du sabre (ajouté au montage).
Plan 4 : Beatrix avance vers Paï Meï qui est au loin, on la voit de dos.
Plan 5 : Plan américain - Paï Meï au centre de l’image croise ses mains.
Plan 6 : Contre-plongée – Beatrix manie son sabre très rapidement, elle se prépare au combat.
Son in, bruitage du mouvement du sabre (ajouté au montage).
Plan 7 : Paï Meï se lève, un panoramique vertical de bas en haut suit son mouvement. Il avance en descendant les marches, on observe un travelling arrière face au sujet, avec un léger panoramique vertical de haut en bas cette fois-ci. En avançant vers elle, il lui dit « Voyons ce que tu vaux. Si tu me touches une fois, je me prosterne et je t’appelle mon maitre. ». En même temps que ses paroles, il touche sa longue barbe blanche.  
Son hors champ, musique asiatique apaisante dans le fond. Et son in, parole de Paï Meï.
Plan 8 : Plan large – les deux personnages sont centrés. Beatrix attaque, elle donne des coups de sabre (dans le vide). Son in, bruitage des mouvements de sabre (ajouté au montage)
Plan 9 : Plan américain – Beatrix donne des coups de sabre, Paï Meï les évite tous.
Son in, bruitage des mouvements de sabre (ajouté au montage)
Plan 10 : Plan rapproché de Paï Meï de profil – il lui tape sur l’épaule. Son in, gémissement d’effort de Beatrix. Son off de coup de tambour. Son in du tapement sur l’épaule.
Plan 11 : Plan taille très rapide – Beatrix se retourne. Son in de Beatrix qui se retourne.
Plan 12 : Plan rapproché très rapide – On voit de face Paï Meï, Beatrix tourne la tête. Son in,  bruitage du coup que Paï Meï donne à Beatrix (son ajouté au montage).
Plan 13 : Plan large – Paï Meï attaque Beatrix, lui fait une prise de combat spéciale. Il tourne en l’air et retombe sur ses pieds, alors que Beatrix tombe par terre, elle se relève. Son in, gémissement de Beatrix. Son off de coup de tambour rapide. Son in de quelques gémissements de Paï meï.
Plan 14 : Plan très rapide – Beatrix se relève. Son in, bruit de pas.
Plan 15 : De nouveau en plan large – Beatrix donne des coups de sabre, Paï Meï l’évite et saute sur la lame, il se tient debout dessus sur le sabre.
Son in, bruitage des mouvements de sabre (ajouté au montage).
Plan 16 : Plan taille sur Beatrix – elle le regarde étonnée, la bouche ouverte. On voit les jambes de Paï Meï, debout sur la lame. Son off, bruit strident.
Plan 17 : Plan taille de Paï Meï en contre plongée – c’est comme si on était à la place de Beatrix, il fait une réplique humoristique « D’ici, tu as une excellente vue de mon pied. ».
Son in des paroles de Paï Meï.
Plan 18 : Plan rapproché de Beatrix – elle se prend le pied de Paï Meï dans la face.
Son in, bruit du coup de pied de Paï Meï.
Plan 19 : Plan large – Beatrix est sous le choc et vacille. Paï Meï fait un saut très haut en arrière et retombe sur ses pieds. Son in du saut de Paï Meï  et de ses pieds retombés sur le sol.
Plan 20 : Beatrix de dos, Paï Meï de face – Paï Meï ricane en touchant sa barbe.
Son in du ricanement de Paï Meï.
Plan 21 : Plan rapproché de Paï Meï – Il touche sa barbe, fait des mouvements de doigt, lui dit « Ton maniement de l’épée relève de l’amateurisme ». Son in des paroles de Paï Meï.
Plan 22 : Beatrix de dos, Paï Meï de face – Beatrix donne des coups de sabre dans le vide, elle lui montre de quoi elle est capable, mais Paï Meï la regarde de façon sceptique.
Son in, bruitage des mouvements de sabre (ajouté au montage).
Plan 23 : Contre-plongée en 2/3 – Paï Meï évite un coup, lui en donne un et prend la force du sabre. Son in, bruitage des mouvements de sabre (ajouté au montage). Son in, bruit du coup de Paï Meï à Beatrix.
Plan 24 : Gros plan très rapide – Beatrix est étonnée, elle ouvre grand les yeux et la bouche.
Son in, bruitage des mouvements de sabre (ajouté au montage).  
Plan 25 : Retour à la contre-plongée 2/3 – Paï Meï prend le sabre, la pousse de dos. Son in, bruitage des mouvements de sabre (ajouté au montage). Son in du coup de dos de Paï Meï à Beatrix. Son in, gémissement de Beatrix.
Plan 26 : Flou en arrière-plan – on voit Beatrix de dos qui se cogne à un arbre, de la terre tombe sur elle. Paï Meï de face, ricane et touche sa barbe. Son in de Beatrix qui se cogne contre l’arbre. Son in, bruit de la terre qui tombe. Son in, bruit de ricanement de Paï Meï. Son off, musique asiatique.
Plan 27 : Gros plan sur le visage de Paï Meï qui ricane en touchant sa barbe, et il la balance d’un geste brusque. Il y a un dézoom très rapide (qui fait référence aux films de kung-fu) ; on le voit maintenant en plan taille, il tend son sabre vers le spectateur, il fixe la caméra, on se met à la place de Beatrix. Il dit « Ton soi-disant kung-fu est pitoyable. Vraiment », et il lance le sabre.
Son in, parole de Paï Meï.  Son in, bruit du lancement de sabre.
Plan 28 : Gros plan rapide sur une rangée de sabres. Celui que Paï Meï a lancé tombe directement rangé à sa place. Son in, bruit du glissement rapide du sabre.
Plan 29 : Plan taille sur Paï Meï – on le voit qui marche vers la droite, la caméra le suit en panoramique horizontal vers la droite. Il lui parle en faisant des gestes de main. Son in, paroles de Paï Meï.
 
b)     Fond

 Cette scène de combat est une succession de nombreux plans courts qui donne une rapidité et un rythme soutenu. On voit que Paï Meï est autoritaire, il donne des ordres à Beatrix et lui parle brutalement. Il lance alors un défi à Beatrix : prendre un sabre, et si elle réussit à le toucher, il se prosternera et l’appellera son maitre. Le combat commence, et l’ambiance qui était si spirituelle, devient tout de suite plus tendue. Il y a une succession de coups de sabre (dans le vide) souvent violents.  Les mouvements sont parfois difficiles à suivre. On nous montre la Mariée comme une femme combattante, une guerrière, qui n’abandonne jamais.

Les sons de coups sont artificiels pour accentuer leur effet. L’action est aussi accentuée par des bruits de tambour.
La violence est désamorcée par l’humour, par exemple quand Paï Meï lui dis « D’ici, tu as une excellente vue de mon pied », avant de lui donner un coup de pied. Violence également désamorcée par le fait que cette scène soit jouée sur un ton parodique, avec un personnage stéréotypé (Paï Meï a 1000 ans, des sourcils et une barbe démesurés, toujours bien coiffé même durant le combat),  avec des sauts surjoués, un son artificiel, la façon de filmer (contre-plongée et dezoom), une vraie parodie des films de kung-fu… Tout cela est propre au style de Tarantino.

 

Vancolen Ambre, 5C